Chet Walker

Chester Walker
Né le : 22 février 1940
Taille / Poids : 1m98, 96kg

Scoreur élégant et prolifique doublé d’un rebondeur honnête, Chet « the Jet » Walker a d’abord fait le bonheur des Philadelphia 76ers avant de devenir le principal point d’appui d’une jeune franchise des Chicago Bulls qui s’est affirmée en grande partie grâce à lui. Retour sur la carrière de ce Hall Of Famer discret qui n’a pas toujours eu la vie facile.

L’enfance n’a pas vraiment été des plus aisée pour Chester Walker, né dans le Mississippi en 1940, dans la ville de Bethlehem (Bethléem en Français). A cette époque, être noir dans cette partie du pays est dangereux et la famille de Walker, en plus de vivre dans la pauvreté (il parlera d’une maison sans fenêtre ni électricité), est souvent victime de réactions racistes. Sa mère se voit refuser le droit de vote mais surtout, un hôpital blanc de la ville refuse d’accueillir l’une des soeurs de Walker, qui meurt de tuberculose dans les bras de sa mère quelques heures plus tard …

« Je ne perdrais pas un autre enfant dans cet endroit » jurera t’elle avant d’embarquer tout le monde pour le Michigan, à Benton Harbor. C’est la bas que Chet fera son parcours scolaire. Au Lycée, il prendra beaucoup de centimètres d’un coup et s’intéressa au Basket mais sa mère refuse pour 2 raisons : Chet est quelqu’un de trop naif, qui se laisser facilement berner et surtout elle ne veut pas que son fils rate l’église le dimanche matin pour aller jouer. Mais Walker finira par convaincre sa mère qu’il peut faire carrière et changer la situation financière de toute la famille. Il devient donc membre de l’équipe de Basket et décroche une bourse pour l’Université. Il choisi Bradley University, qui évolue à … Peoria, dans l’Illinois, non loin de Chicago. En 3 années la bas, Chet Walker s’affirme comme un superbe scoreur et un rebondeur solide. Son jeu fait de feintes en tout genre rend fou ses adversaires mais il sait aussi utiliser sa vitesse et dispose déjà d’un shoot soyeux et précis. Finaliste du National Invitational Tournament en 59 mais battu par St John’s, il se rattrape en remportant ce même tournoi l’année suivante face à Providence et Lenny Wilkens. Walker termine son cursus en 62 avec des moyennes en 3 ans de 24.4pts et 12.8rbs !!

Les portes de la NBA lui sont grandes ouvertes et il est sélectionné par les Syracuse Nationals avec le 12ème choix. Dans une équipe composée d’Hal Greer, Johnny « Red » Kerr ou encore Larry Costello, il évolue sans pression, n’ayant pas à être forcément ultra productif tout de suite. Malgré tout il prend rapidement ses aises et signe une campagne Rookie des plus réussie (12.3pts à 46.9%, 7.2rbs et une élection dans la All Rookie 1st Team). Des stats qui vont même grimper en PO (15.2 à 50.9% et 9.4rbs) mais Syracuse tombe en 5 matchs contre le Cincinnati d’Oscar Robertson, Bob Boozer et Wayne Embry, malgré l’avantage du terrain.

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L’année suivante, Syracuse déménage à Philadelphie, devenant les 76ers et malgré un bilan négatif (34-46), l’équipe va en PO mais chute de nouveau en 5 rencontres contre les Cincinnati Royals. Ils prendront leur revanche un an plus tard, avec l’arrivée en cours de saison d’un certain Wilt Chamberlain et provenance des San Francisco Warriors, équipe qui a … déménagé de Philadelphie juste avant l’arrivée des 76ers !! Avec Wilt, Philly bat enfin Cincinnati (3-1) mais chute en finale de conférence contre les Boston Celtics (4-3), qui iront chercher leur 7ème titre consécutif !! Walker quand à lui, est devenu All Star pour la 1ère fois avec une saison pleine (17.3pts, 10.3rbs) et s’affirme de plus en plus comme une option offensive de qualité, affichant une belle régularité (seulement 7 matchs en dessous des 10pts) et capable de finir n’importe quelle action. Une alternative fort appréciable lors des fins de matchs, car Chamberlain n’aime pas être envoyé aux lancés, donc les ballons passent par Walker. D’ailleurs, lors de la série face aux Celtics, c’est à lui que devait revenir le dernier shoot du Game 7, celui de la gagne, mais l’interception d’Havlicek sur la remise en jeu de Greer fait partie des « classics » de l’histoire de la NBA. Des images vues et revues en boucle.

Boston sortira encore Philadephie en 66, allant chercher son 8ème titre de rang mais ce sont bien les 76ers qui mettront à cette dynastie exceptionnelle en sortant les Celtics au second tour des PO 67 (4-1) !! L’exploit est de taille pour la franchise de Pennsylvanie mais il reste encore une énorme marche à franchir, avec les Finals NBA contre les San Francisco Warriors. Les stats de ces finals sont épiques (Rick Barry tourne à 40.1pts, Nate Thurmond signe 14.2pts et 26.7rbs, Wilt culmine à 28.5 prises avec 17.7pts). Au milieu de ça, les 23.3pts et 8.8rbs de Walker feraient presque anodin mais son apport dans la victoire finale de son équipe (4-2) est phénoménal. Closer dans les moments chaud, défenseur correct et de nouveau All Star lors des 2 dernières saisons, il est un élément crucial dans ce qui est considéré comme la plus belle équipe de Basket jamais vu !!

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Boston éliminera les 76ers lors des 2 saisons suivantes mais même si Walker sort encore de très belles saisons (respectivement 17.9pts et 18.0pts), il est absent du All Star Weekend et surtout, l’arrivée de Jack Ramsay en tant que Coach de Philadelphie en 68 lui fait perdre sa place de titulaire au profit de Billy Cunningham, plus jeune (25 ans contre 28 pour Walker). Ne souhaitant pas avoir 2 joueurs au profil similaire sur le poste, il décide lors de l’été 69 de chercher un ailier défensif à associer à Cunningham. Arrive alors une situation invraisemblable : Pat Williams, business manager des 76ers, est intéressé par le poste de GM aux Chicago Bulls et demande à son organisation de le laisser partir. Ces derniers acceptent … s’il accepte un trade qui enverrait Walker à Chicago contre Jim Washington !! Williams en discute alors avec Dick Motta, coach des Bulls et Jerry Krause, qui est scout pour la franchise de l’Illinois à l’époque. Tout le monde est d’accord et dans la même journée, les Bulls font une conférence de presse le matin pour annoncer l’arrivée d’un nouveau GM, puis une autre dans l’après midi pour annoncer le trade !!

Sauf que Chet Walker ne l’entend pas de cette oreille et n’est pas du tout ravi d’aller dans une franchise jeune et qui est bien loin d’avoir le même prestige que les 76ers, qui viennent d’aligner 4 saisons à 55 victoires minimum. Il menace de prendre sa retraire et même d’aller jouer en ABA. Mais Williams et Dick Motta finiront par le convaincre de signer un contrat de 3 ans pour 45.000, 55.000 et 65.000$.

Avec Walker, Chicago dispose d’un 3ème scoreur pour épauler Bob Love et Clem Haskins, en plus de Jerry Sloan. Il ne tarde pas à s’acclimater, signant 39pts dés son 4ème match à Phoenix. Absent des Play-offs l’année précédente, les Bulls s’approchent d’un bilan équilibré (39-43) et s’invitent à la post-season au soir d’une victoire de 2pts contre Cincinnati avec 44 points de Chet the Jet, qui termine la saison meilleure scoreur de l’équipe avec 21.5pts ainsi que 7.7rbs et une nouvelle sélection au All Star Game. En PO, Walker brille malgré l’élimination 4-1 face à Atlanta (19.4pts, meilleure scoreur de l’équipe avec une pointe à 39pts au G4, celui gagné par Chicago). La saison suivante, les Bulls explosent leur record avec une saison à 51 victoires et Walker est intenable (22.0pts, 7.3rbs, de nouveau All Star), faisant preuve d’une régularité monstrueuse avec un seul match en dessous des 11pts (7pts à Phoenix, 2 semaines après avoir collé 44 pions aux Pistons) et menant la ligue au pourcentage aux lancers francs (85.9%, il était 2ème l’année précédente). Malgré tout les Bulls n’ont pas l’avantage du terrain face aux Los Angeles Lakers au 1er tour et s’inclinent en 7 matchs avec Walker qui passe un peu au travers sur la série (15.0pts à 44%).

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L’arrivée de Norm Van Lier permet aux Bulls de disposer d’un « Big 4 » de très grande qualité et cette équipe va énormément faire parler d’elle pour sa capacité à dominer des rencontres défensivement et se battre sur tout les ballons (ça ne vous rappelle rien ?). Leur saison régulière est splendide (57 victoires) mais la chute est inexplicable en PO, avec un sweep violent d’entrée, toujours contre les Lakers et la encore Walker est méconnaissable (11.3pts). Pourtant sa saison régulière a une fois de plus été remarquable. A 32 ans, son jeu de feinte est toujours aussi efficace, les défenseurs y mordent toujours autant, son habilité et ses qualités athlétiques en font un joueur capable d’aller chercher les gros pivots adverses et leur scoreur dessus avec efficacité. Il signe 22.0pts par match, son record, tout en étant dans le Top 10 de la ligue à l’adresse aux tirs et aux lancés (respectivement 50.5% et 84.7%). Du coup la surprise est générale lorsqu’il n’est pas convoqué pour le All Star Game. Vexé, il se venge sur Cincinnati en leur collant 56pts, la meilleure marque NBA cette saison là et un record pour les Bulls que seul Michael Jordan parviendra à battre par la suite.

Du coup Walker sera invité au All Star Game les 2 saisons suivantes, malgré des moyennes de points inférieurs (19.9 et 19.3) ! On sent néanmoins qu’il commence doucement à aborder la partie descendante de sa carrière, avec un peu moins de régularité et une présence de moins en moins remarquée aux rebonds, mais reste un joueur dangereux en toute circonstance qu’il ne faut pas lâcher d’une semelle. Il aime briller face aux grosses équipes, scorant 35 puis 37 pts contre les Golden State Warriors puis 30 pts en PO 73 contre les Lakers malgré une nouvelle élimination (4-3). Ses PO 74 seront ses meilleurs depuis le titre NBA remporté avec Philadelphie. Chicago remporte la 1ère série de PO de son histoire en même temps qu’un Game 7 face à Detroit, avec un Walker à 21.6pts dont 33pts au Game 6. Mais au tour suivant, avec Sloan blessé, les Bulls subissent la loi des Bucks d’Abdul Jabbar (4-0).

En 74 les Bulls signent le pivot All Star Nate Thurmond et présentent un 5 de départ flamboyant avec Thurmond, Love, Walker, Van Lier et Sloan. De quoi avoir de l’ambition et malgré une saison à moins de 50 victoires, une première depuis 5 ans sur les bords du Lac Michigan, Chicago remporte sa division pour la 1ère fois et vise le titre. Après avoir sorti Kansas City au 1er tout, ils retrouvent les Golden State Warriors sur leur route vers les finals. Malmené au G1 (10 petits points), Walker sort le grand jeu par la suite, collant 28 pions au G2 puis 3 matchs à 21 unités, dont le G7 qui restera fameux pour la bourde des Bulls qui leur coûte sans doute la qualification, après avoir mené 3-2 dans la série …

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A la fin de saison, Chet Walker surprend tout le monde en annonçant son départ à la retraite ! Une décision plutôt étrange car malgré ses 35 ans il est encore brillant (19.2pts à 48.7% et 86% aux lancés puis 17.5pts à 49.4% en PO). La raison de son départ est une guerre permanente entre lui (mais aussi d’autres joueurs) et le Coach Dick Motta, ainsi que la direction, concernant son salaire. Walker touche alors 165.000$ la saison et souhaite profiter de l’augmentation globale des salaires en NBA pour monter à 200.000$ mais Motta lui dit qu’il ne mérite pas autant et que s’il n’est pas content il n’a qu’à partir. Pas le genre de chose à dire 2 fois au Jet, qui en a vu d’autres dans son enfance. Il quittera donc les Bulls, non sans les poursuivre en justice, ce qui sera l’un des éléments déclencheurs de nombreuses modifications sur les droits des joueurs à l’époque et la création des premiers CBA.

Une triste manière de mettre fin à une carrière en tout point grandiose et à l’impact considérable partout ou il est passé. A son départ de Philadelphie, l’équipe a mis 8 ans à refaire une saison à 50 victoires. A son départ des Bulls, la franchise sombrera et devra attendre un certain Michael Jordan pour relever la tête. Walker part s’installer à Los Angeles et réalisera quelques courts métrages, dont un au sujet de la mère d’Isiah Thomas, qui a beaucoup oeuvrée dans les quartiers difficiles de Chicago, qui remportera un Emmy Award. Un film sur sa vie est encore en pourparler actuellement. En 2012, il a été désigné pour rentrer au Hall Of Fame du Basketball à Springfield. Une récompense méritée pour un joueur à l’étique de travail impeccable et qui n’aura jamais connu de blessure sérieuse, ne ratant que 25 matchs sur l’ensemble de sa carrière. Ses stats aussi sont parlantes, avec plus de 18.000pts inscrits en carrière (18.2pts en moyenne) donc 9788 à Chicago (20.6pts de moyenne par matchs, la 3ème meilleure moyenne de l’histoire du club) !! Ne reste plus qu’à retirer son maillot …

Stats en carrière (entre parenthèse ses stats à Chicago) :

Matchs : 1032 (474)
Points : 18831 (9788)
Rebonds : 7314 (2898)

Palmarès :
– Champion NBA (1967)
– 7 fois All Star (4)

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